around the clock

Paris

vendredi 11 décembre 2009

Il est temps d'évaluer où on est

Aujourd’hui c’est samedi ; il est 7 heures du matin et je suis, évidemment, déjà debout et habillé, prêt à travailler. Depuis le début de la formation j’ai changé petit à petit mes habitudes de demandeur d’emploi insouciant. Disons que j’étais heureux (ou presque) dans mon ancienne vie, un p’tit peu comme les esclaves qui ne regardaient que l’ombre des choses dans le mythe de la caverne de Platon. On dirait que cette image est un peu hors-sujet, donc il faudra que je m’explique: ma vie n’est plus la même depuis que je suis en formation, et je ne m’attendais pas du tout à ces changements, subtils mais essentiels. On a déjà le changement de nos horaires (la preuve, c’est samedi et je suis déjà devant l’ordinateur). Et j’avoue que la première semaine était éprouvante, géniale au niveau des cours mais décourageante à niveau de la résistance à de longues journées qui ne s’arrêtaient pas pourtant en sortant du Centre de Formation, il fallait continuer à travailler chez nous.




Heureusement que j’ai compris qu’il fallait étudier tous les jours un peu, et aller surtout à l’essentiel, soit pour renforcer nos points faibles, soit pour s’appliquer dans les matières où nous sommes plus forts pour gagner de points, et arriver à retrouver un équilibre entre le temps dédié à la formation et à notre vie privée, familiale. Maintenant ça va.


Mais (qu’est-ce qu’il est bien français ce « mais ») il y avait un écart entre nos compétences en cours d’acquisition et la vitesse de maîtrise est déjà exigée, ce qui est très décourageant. J’ai compris que tout le monde peut apprendre n'importe quoi et que ce n’est qu’une question de temps la maîtrise d’un savoir, d’un savoir faire. C’est ce qu’on appelle le principe d’éducabilité. Personne n’est sensé savoir à l’avance ce qu’on est en train de lui apprendre. Moi, je suis lent, parce que je réfléchis beaucoup, mais j’y arrive, et je l’ai prouvé maintes fois, donc, je ne m’inquiète pas trop de ma réussite. Et lent ce n’est pas synonyme de bête, quoiqu’on aime bien confondre les deux. Ce qui est bête, c'est que je me sens parfois jugé par mes prestations en cours vers la réussite, comme s’il fallait que je sois déjà au top. Mais quel intérêt ? Personnellement je préfère prendre de risques maintenant plutôt que quand je serai en face a face pédagogique avec des élèves qui seront aussi bêtes ou distraits que moi (c’est ce qu’on dit sur moi sur mon dos!).


Comment je vais m’y prendre quand j’aurai des clients de la cinquantaine qui ne comprennent rien sur Word, Excel, PowerPoint ou Accès ? Ce n’est pas mon cas, mais il est fort possible que je ferai face à des apprenants très différents les uns des autres au niveau d’âge, de l’expérience, du savoir et de la personnalité, et que je serai sensé les amener vers leur réussite. Est-ce que je vais laisser tomber les plus nuls ? Et si personne ne comprend rien et l’évaluation montre leur incompétence ? Au secours !


Je réfléchis à tout cela dès maintenant avant de prendre des risques prévisibles. Comme je suis lent pour apprendre et en plus je vois très mal le tableau, j’ai acheté des livres pour bien étudier et comprendre au moins l’essentiel pour les évaluations. Le problème c'est que il y a de livres qui ne sont pas faciles à trouver vu le niveau exigé dans notre Centre (on dirait que le prof est en train de passer un Master 2 et qu’il n’a pas le temps que de nous apprendre ce que lui-même est en train d’apprendre, vu que les choses les plus courantes (qu'on sait faire par cœur, évidemment !) ne l’intéressent pas trop, pourtant…). Mais j’ai de la chance, j'ai trouvé récemment les livres incontournables sur Internet (avec une requête bien ciblée) et je pourrai analyser tranquillement chez moi les points où j’ai encore de lacunes.


Ce n’est pas la peine de poser mille questions aux formateurs, ils ont d’autres choses à faire que de nous remettre à niveau et ça nuit certainement au groupe.


Je n’avais pas trop envie de parler de notre groupe mais en ce moment ça ne va pas du tout. On a déjà de clans, les disons plus réactifs ou rapides et les lents. Cet écart ne vient pas de l’intelligence sinon du de rythme d’apprentissage. Les lacunes, on les assume, c’est notre problème, quoique simplement il y a des choses qui nous intéressent mais qui ne nous passionnent pas autant que pour devenir un pro. De toute façon, il y a un minimum exigé lors des évaluations et il est évident que nos formateurs ne sont pas sadiques au point de nous laisser tomber et ne garder que les « meilleurs ». Je fais la nuance, les meilleurs, normalement sont les plus rapides, les plus réactifs (comme à l’école, sauf que nous sommes des adultes !). Les autres, nous, nous devons faire un sacré effort pour atteindre le niveau et y rester.


Ceci implique (ce que les autres ignorent) d’apprendre mille choses de tout genre pour y arriver. Par exemple, à s’intéresser à la comptabilité pour résoudre un simple problème sur Excel.


Mais il y a surtout le côté logique de l’informatique qui joue beaucoup. L’informatique c’est une façon très particulière de penser, très cohérente, séquentielle et claire. Et voila la clé de voûte de notre formation : le système binaire, 0 et/ ou 1, VRAI et/ou FAUX. J’insiste subtilement sur le ET/OU, une sacré contradiction.
Le fondement de l’informatique est une pensée assez simple où les propositions de base sont vraies ou fausses. Il n’y a presque pas de « peut-être ». C’est impossible pour une machine d’assumer la contradiction, et si celle-ci existe, la machine va contourner le problème avec des formulations (de formules) conditionnelles telles que SI et ALORS. Il vaut mieux que la machine se mette dans toutes les situations probables pour s’en sortir et passer le cap des sept couches du système OSI, pour évoluer du système binaire de base à quelque chose de compréhensible au niveau des applications (n’importe quel logiciel) et de la relation homme/machine sinon « ça va pas le faire ». Donc, apprendre c’est aussi reconnaître ses propres faiblesses se mettre humblement à niveau, sans faire trop de bruit là dessus. A quoi ca sert ?


La logique, maintenant, nous sert dans la vie courante, d’une façon assez brutale car on risque d’être très impolis quand on a une tête bien faite et un peu trop logique. On met facilement les autres en ridicule face à leurs contradictions, ce qui n’est pas très bien perçu. Mais nous avons tous un côté humain et humble, irrationnel même, qui est capable de remettre tout cela dans l’ordre. Si on était tous des êtres purement logiques, la vie serait un peu trop insupportable (c’est moi qui ait toujours raison, tu as tort, donc, tu es toujours bête). Heureusement que je vois les choses essentielles distinctement et que je sais qui je suis (savoir être, enfin !) Ça fait un p’tit moment que je suis sorti de la caverne de l’ignorance, des préjugés et de la méprise des autres (ceux qui ne sont pas, hélas, comme moi). Je suis devenu un homme libre, cela veut dire tout simplement que je n’ai rien à craindre. Quel pouvoir ! LOL.