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Paris

mardi 12 janvier 2010

Observation d’un formateur

J'ai rencontré Dom, le formateur de la formation en ventes. Il s'occupe aussi du groupe des compétences de base. Ce cours a été demandé par Pole Emploi. Je l'ai vu exercer ses fonctions, assis discrètement dans un coin devant un ordinateur. Il donne le matériel aux élèves, qui sont devenus déjà très autonomes, et il reste quand même à l'écoute des difficultés des élèves. Quelques uns travaillent avec l'ordinateur et d'autres répondent aux fiches de travail directement sur leurs cahiers. Ils ont accès à la plateforme du site du Centre, avec un identifiant, ce qui leur permet d'accéder aux ressources pédagogues répertoriés sur internet. Il faudra les mettre à jour. Quelques uns de ces sites sont trop scolaires, et je pense qu'un adulte se sent mal à l'aise quand on lui prend pour un enfant. Je sais qu'on besoin des supports simples ou adaptés, surtout adaptés, aux adultes en difficulté.

Ce cours c'était bien passé, même si j'ai l'impression que ce n'est pas facile de constater une évolution des apprenants. Je crois qu'il faut utiliser un peu plus l'outil informatique, surtout parce que son avantage ce l'utilisation du multimédia dans l'apprentissage : la vidéo, le son, i' interactivité (cliquer, refaire un exercice, obtenir un bravo !), ce qui est très motivant. Mais comme surement le formateur est payé de l'heure, il n'a pas le temps de faire mieux que ça, il se contente de se servir du matériel en papier qu'il possède déjà, sa richesse, son pouvoir, ce qui n'est pas négligeable. Mais à l'heure du numérique, il vaut mieux utiliser les moyens qu'on a, au moins sur internet. Je suis certain qu'on peut faire mieux.

Comment j’ai trouvé mon stage

C'était la prof de communication qui a eu l'idée, ou peut-être la directrice elle-même : vu les démarches pour trouver un stage étaient pénibles (même si notre diplôme commence a avoir une certaine reconnaissance dans la région), on nous a proposé d'interviewer les acteurs de la formation pour aboutir à une sorte de référentiel du formateur bureautique : quelles sont ses compétences, comment se passe une journée typique, quel est son rôle au sein de l'entreprise, etc. En écoutant les conseils du directeur du Pole Emploi, notre prof de TRE (techniques de recherche d'emploi pour les non initiés), j'ai étudié les sites internet des centres de formation ou je voulais faire mon stage, ce qui m'a permis de faire des lettres de demande de stage personnalisées, à la carte : ce qui a marché très bien. J'étais très impressionné de la rapidité de la réponse : j'avais presque toujours une réponse positive pour interviewer, soit, un formateur, soit, un responsable de formation, soit le directeur d'un centre de formation.

Ainsi, j'ai interviewé un ancien dufiste qui travaille au Greta, avec lequel j'étais très à l'aise. J'ai appris que d'être formateur en informatique c'est beaucoup de travail, parce qu'on continue à travailler chez soi pour préparer les cours et évaluer les contrôles, et parce qu'on doit apprendre sur le tas dès qu'un nouveau logiciel ou système d'exploitation apparaît, comme Windows Sept (en non Seven, comment veulent les snobs). 
Malgré cela, j'ai l'impression que ce dufiste reste toute de même posé et à l'écoute, motivé. Il m'a dit que la première année est très dure parce qu'il faut préparer sur le tas beaucoup de matériel, et qu'on arrive à s'en douter de ses compétences (on n'arrivera jamais !). Mais maintenant qu'il a acquit plus de responsabilités en tant que coordinateur de formation, et comme il n'est pas à plein temps il doit être très mobile pour se déplacer d'un centre de formation à un autre, en plus de ses responsabilités en tant que collaborateur pour la plateforme de formation à distance, qui commence à se développer (FOAD).



J'ai interviewé aussi la responsable de formation d'un Institut Consulaire. Elle avait passé par tous les échelons : elle était formatrice pendant des années, et après, on lui a donné plus de responsabilités jusqu'au jour elle est devenue la responsable et la main droite du directeur. Maintenant, dans ce poste qui lui va comme un gant, elle gère tout un centre de formation : les embauches, la programmation des cours, les relations humaines, la création des nouveaux cours. 
Elle m'avait dit qu'il fallait être au courant sur ce qui se passe dans la région, c'est ainsi qu'elle avait trouvé  l'idée d'un cours d'e-tourisme, ce qui n'est pas courant dans le cadre d'un centre de formation conventionnel. Word, Excel, PowerPoint, Acces 2003, Windows XP c'est bien, mais ce n'est pas tout. On dirait qu'on fait la pub pour Microsoft. 
L'informatique est très vaste, et ça change tous les jours, c'est ça qui est passionnant dans ce métier, les demandes des utilisateurs sont très variées. Si notre public est l'utilisateur courant de ces applications bureautiques, on ne va trouver du travail que dans quelques centres de formation pour un public jeune ou des filaires de secrétariat ou comptabilité. 
Je me demande toujours où se trouve cet étudiant désespéré qui va me demander demain un cours sur la fonction rang sur Excel (d'ailleurs j'ai trouvé un tutoriel en vidéo sur cette fonction sur internet, qui est très clair et simple).

Ce qui me reste de cette interview c'est que responsable de formation c'est un métier passionnant. C'est évident qu'il a de la pression parce que les partenaires économiques tels que le Conseil Régional donnent moins de fonds pour la formation, et qu'il faut chercher les sponsors ailleurs. Madame F.avait trouvé un commanditaire finlandais qui demandait un cours de français langue étrangère (FLE): là il y a de la demande. 
Et, à mon grand étonnement, depuis quelques années ils s'investissent dans la communication et le développement personnel, ce qui n'est pas bête. Appart le parcours scolaire conventionnel, il y a d'autres besoins qui jouent dans la réussite et l'épanouissement personnel. L'école à laissé de côté l'apprentissage de la gestuelle, l'éducation de la voix, l'apprentissage à travers le jeu, la prise spontanée de la parole, la dramatisation. Réussite ? Tu parles ! L'éducation en France est un grand échec. La preuve : comment est-il possible qu'il y a autant de désertion en première année à la fac ? Et que plus de 50000 étudiants échouent au bac ? Et qu'on n'a presque pas le droit de redoubler et qu'on traine avec ses incompétences ? C'est bête comme tout. On ne peut même pas avoir plus d'un choix quand on postule à la fac. Je rêve!

On est tellement axés sur une réussite purement intellectuelle (la fierté cartésienne) qu'on a du mal à se servir de sa tête d'une façon raisonnable et fonctionnelle. 
La tête sert à penser, à s'adapter au monde, à la société, a apprendre à vivre, à devenir soi-même, autonome et heureux si possible.


J'ai interviewé par la suite le directeur d'un grand centre de formation. Il voulait me rencontrer lui aussi parce que je me suis trompé dans la rédaction de mon mail, que j'ai écris rapidement juste avant un cours dans la salle d'informatique du CFC. J'ai écris que je voulais lui interviewer sur la restructuration de la Chambre de Commerce. Il était bien intrigué ce monsieur, il croyait que j'étais un inquisiteur de la CIA. Qu'est ce que je voulais bien savoir ? Il cherchait ma lettre presque impatiemment, et quand il l'avait sortit, il m'avait montré de son doigt cette phrase embarrassante : « la restructuration de la Chambre de Commerce ». Mais il s'agissait seulement de la restructuration du site du CEPPIC, qu'avait attirait tout mon attention. J'ai trouvé que c'était bien fait, que c'était beau, que ça donne envie de s'inscrire. Et le directeur m'a répondu : c'est du business. Le site était en effet impeccable, clean, autant à niveau de la forme comme du contenu. Et puis il y avait la communication, la PNL, Dreamweaver, Office 2007, Windows 7, le développement personnel dans toutes ses formes (même l'analyse transactionnel est incluse). Je comprends cet engouement pour le développement personnel, finalement ; il s'agit de l'humain : on passe la plupart de notre temps face aux autres, et souvent la communication se passe très mal. On n'ose aller pas plus loin d'un bonjour, bonsoir, on s'en fiche du reste. On est des instruments, qualifiés, souvent jugés ou évalués que sur des question professionnelle du métier ou de notre rôle et, je répète, on s'en fiche du reste. 

On fige des images, des impressions, comme si l'image était le réel, comme dans le mythe de la caverne de Platon, on a du mal a saisir le réel, finalement, qui est plus complexe et riche qu'un seul aspect, celui qui est pondéré, celui qui prend de l'importance selon le but qu'on s'impose dans la communication, ce qui est bien dommage. 
Bref, chez CEPPIC le client est le roi, et on fait des cours à la carte : il faut que le client soit content. Il a payé entre 400 et 800 euros pour une formation intensive, et il a le droit de repartir content, qu'il saura créer des sites web avec Dreamweaver dans 2 jours, qu'il saura gérer un conflit relationnel au sein de son entreprise, qu'il pourra en fin décoder la gestuelle pour prendre les bonnes décisions par rapport à un collège qui le casse les pieds, etc. J'ai eu mon stage pour mai/juin. Et le jour J je serai là à 8 heures piles du matin.


J'ai rencontré par la suite le responsable de formation de Toshiba. Une grande boîte. J'ai vite compris que je n'avais pas ma place là-bas car ils travaillent avec la base de données Oracle. Ici les employés demandent des formations spontanément ou à la demande de l'employeur. La formation demandée doit correspondre à un but professionnel, par exemple, se perfectionner en anglais commercial. Mais, se former permet aussi de se qualifier pour demander plus de responsabilités. Et souvent, on peut former quelqu'un pour qu'il trouve sa place ailleurs ! De toute façon ce qui est essentiel, m'a dit le responsable, c'est d'être motivé pour arriver jusqu'au bout. Si l'employé n'est pas motivé, ça ne passe pas. Et tout le monde est gagnant quand un employé est formé.



Finalement, j'ai rencontre le directeur d'Éducation et Formation, qui m'avait dit d'emblée qu'il fallait que le stage soit un investissement intéressant autant pour lui que pour moi : il m'a proposé des tâches, voir un projet pour faire le bilan des ressources pédagogiques en informatique, donner des cours d'informatique, et surtout, l'aide individualisée aux stagiaires, qui, à tout hasard, se trouvent en ce moment en stage, comme nous. Il m'a demandé aussi de l'aider dans la recherche des ressources pédagogiques pour la plateforme éducative du Centre. Ce que je fais depuis hier, à part de m'occuper des stagiaires dans le centre de ressources.

Le directeur m'a dit qu'ici on est en concurrence avec Fodeno et Forjecnor 2000. En janvier c'est la présentation de projets pour le Conseil Régional. Le directeur est presque débordé. Je me demande pourquoi il travaille seul. Je crois que ses conseilleurs se trouvent à l'extérieur. Il n'est pas là aujourd'hui. Mais on a du boulot quand même.



En ce moment je suis seul avec les secrétaires Steph (formatrice aussi) et Sab, et j'ai fait connaissance de la formatrice d'anglais, une jeune fille très sympathique.